La ville de Vénissieux, confrontée à une recrudescence des incivilités et à des préoccupations croissantes en matière de sécurité, lance une consultation citoyenne visant à impliquer ses habitants dans la recherche de solutions. Cette initiative, présentée par la maire communiste Michèle Picard et son premier adjoint Nacer Khamla, ambitionne d’offrir aux Vénissians une tribune pour s’exprimer sur des questions touchant à la tranquillité publique. Cependant, cette démarche soulève des interrogations quant à son efficacité face à une situation de plus en plus préoccupante.
Une consultation pour impliquer les citoyens
Dénommée « Mieux vivre en tranquillité à Vénissieux », cette consultation, qui sera pilotée par l’institut privé Voix publique, se déroulera du 24 octobre au 2 novembre. Des enquêteurs iront à la rencontre des habitants dans les rues, les places et les centres commerciaux, tout en menant une campagne de porte-à-porte. Les Vénissians pourront également participer en répondant à un questionnaire en ligne, mis à disposition par la mairie. Trois thématiques principales y seront abordées : l’utilisation de l’espace public (notamment les problèmes de stationnement et les dépôts sauvages), la sécurité (incivilités, trafics de drogue, infractions routières) et l’avenir de la jeunesse.
Pour l’élue communiste, l’objectif annoncé est clair : « Impliquer les Vénissians dans la recherche de solutions collectives et citoyennes ». Michèle Picard (PCF) insiste toutefois sur le fait que cette consultation ne doit pas remplacer l’action de la police nationale et municipale, mais contribuer à créer un débat constructif, loin des « exaspérations et colères que l’extrême droite sait exploiter ».
Des doutes sur l’efficacité d’une enquête privée
Cependant, cette démarche, bien qu’intéressante sur le papier, ne suffira pas à régler les problèmes d’insécurité. Une simple consultation citoyenne, menée par un cabinet privé, est loin de constituer une solution complète à une situation aussi complexe. Face à l’augmentation des incivilités, la question qui se pose est : pourquoi avoir attendu aussi longtemps pour lancer une telle initiative, alors que la sécurité figure depuis des années parmi les priorités des Vénissians ?
De plus, une consultation ne pourra à elle seule pallier les manques en matière de moyens sécuritaires sur le terrain. La population attend des actions concrètes et rapides, notamment un renforcement des effectifs policiers, l’installation de caméras supplémentaires, et une plus grande réactivité face aux actes délictueux qui pèsent sur leur quotidien.
Pourquoi si tard ?
On peut s’interroger sur les raisons pour lesquelles la maire Michèle Picard, en poste depuis de nombreuses années, a attendu autant de temps pour lancer cette enquête, alors que les Vénissians expriment depuis longtemps leurs préoccupations en matière de sécurité. Cette initiative aurait sans doute pu voir le jour bien plus tôt, avant que la situation ne se dégrade à ce point. En retardant cette démarche, la municipalité communiste a donné l’impression de ne pas accorder suffisamment d’importance à cette question cruciale pour la population.
La sécurité, pourtant au cœur des préoccupations des habitants, aurait dû faire l’objet d’actions bien plus concrètes et rapides. Or, à la place, une consultation est menée en 2024, alors que la situation nécessite des décisions immédiates et fermes.
Vers une vraie prise de conscience ?
Le seul mérité de cette initiative est d’ouvrir le dialogue, mais elle doit s’accompagner d’un véritable plan d’action. Les résultats de cette enquête, attendus pour début 2025, ne doivent pas simplement être un rapport de plus sur les bureaux de la maire, mais bien un catalyseur pour des changements tangibles. Toutefois, sans une volonté politique forte de mettre en œuvre des solutions concrètes et d’allouer les ressources nécessaires, la population pourrait bien rester sur sa faim.
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