À Vénissieux, la gauche traverse une crise existentielle : après des années à marcher docilement dans l’ombre du Parti communiste, LFI vient de faire l’impensable. Oui, l’inimaginable : présenter un candidat contre la maire PCF Michèle Picard. Un acte d’insoumission, le vrai, celui qui n’existait visiblement que dans le nom.
Autant dire que pour le PCF, qui avait pris l’habitude de voir les mélenchonistes jouer le rôle de l’allié modèle — discret, silencieux, parfaitement prévisible — voilà que la candidature d’Idir Boumertit équivaut à une trahison géopolitique de niveau mondial. Mais il est certain que d’autres surprises arriveront au fur et à mesure que les noms des potentiels adjoints et conseilles municipaux seront connus
Le PCF, en état de choc : LFI n’a pas dit “oui chef” ?
Le secrétaire de la section PCF venissian, semble encore chercher une explication rationnelle. Car pendant des années, les relations entre PCF et LFI avaient été d’une tranquillité exemplaire :
- Pas un mot plus haut que l’autre,
- Pas un désaccord,
- Pas la moindre contestation,
- Un partenariat digne d’un vieux couple où l’un parle… et l’autre opine en souriant.
Alors forcément, voir l’insoumis cesser de s’insoumiser à la ligne communiste, c’est dur à avaler. On comprend mieux l’agacement : quand on a pris goût au confort, le changement pique un peu.
“Aucun désaccord en municipalité”, normal : pour se disputer, il faut être deux
Le PCF jure, la main sur le drapeau rouge, qu’aucune divergence n’existait dans la majorité sortante. Et c’est probablement vrai car pour qu’un conflit éclate, encore faut-il qu’au moins un des deux partenaires ose exprimer quelque chose. Or le groupe LFI du conseil municipal, mené par son non charismatique Idir Boumertit, jusqu’ici, avait adopté une stratégie hautement pacifiste : zéro bruit, zéro vague, zéro initiative. Un allié idéal… si on aime le silence.
Le reproche du moment : Boumertit serait trop absent. Mais hier, c’était parfait.
Le manque d’implication locale du groupe LFI au conseil municipal était précisément ce qui rendait la cohabitation si paisible. Aujourd’hui le leader local de la France Insoumise est un député discret, et hier en tant qu’adjoint , il était un élu qui ne s’oppose jamais, qui laisse faire et valide en bloc… Bref, un allié voire un trésor politique.
Et, voilà car il y a toujours un mais, c’est l’heure du réveil et vu le résultat des dernières élections législatives, on pouvait facilement anticipé cette rupture
Le spectre de la division : quand le partenaire docile prend la fuite
Là où le PCF voit un “risque de victoire de l’extrême-droite”, certains y verront surtout un risque plus personnel : le risque que le parti mélenchoniste s’émancipe, prenne des voix, et ne soit plus ce fidèle compagnon politique, toujours prêt à approuver sans discuter.
L’annonce de candidature : LFI ose ne pas demander l’autorisation avant d’exister
Les soutiens de Michèle Picard expliquent avoir sollicité LFI plusieurs fois depuis le printemps. Sans réponse satisfaisante — comprendre : sans l’engagement clair de rester sage et dans le rang.
Et la révélation de candidature via la presse et un tract distribué au marché ? Un véritable scandale pour ceux qui pensaient que LFI demanderait poliment la permission de respirer avant chaque prise de position. Les communistes sympathisants et élus découvrent que l’obéissance n’est jamais garantie à vie.
La vraie histoire de cette campagne n’est pas l’arrivée d’Idir Boumertit. Elle n’est même pas la division de la gauche, ni le risque de bascule à droite. La vraie histoire, c’est ceci : LFI, après des années de docilité absolue, a soudain décidé d’exister politiquement. Et ça, pour le parti de la majorité actuelle, c’est une trahison pire que tout.
On comprend leur stupeur : quand on a passé des années avec un allié qui ne bronche jamais, le jour où il ouvre la bouche, ça fait beaucoup de bruit.
La suite promet d’être savoureuse : d’autres articles arrivent, car certains élus — anciens ou actuels — semblent soudain trouver un irrésistible charme à la candidature de M. Boumertit.
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