Du PS à LFI : itinéraire d’un insoumis… tardif

À Vénissieux, on aime les traditions. Les anciens, les fêtes de quartier, les rituels municipaux. Et puis il y a l’autre tradition, plus spectaculaire, plus divertissante : celle des virages politiques à 180°, des retournements de veste maîtrisés, des rebondissements improbables. Dans cette discipline, un homme est en train d’atteindre un autre niveau : Lotfi Ben Khelifa.

  • On le connaissait sympathisant socialiste
  • Puis opposant aux communistes.
  • Puis socialiste remonté contre le socialisme.
  • Puis colistier macroniste “mais de gauche”.
  • Puis revenant socialiste “mais pas trop”.
  • Puis finalement… Insoumis.

À ce stade, on ne parle plus de trajectoire, mais de chorégraphie. Et encore : d’autres élus locaux maîtrisent encore mieux le grand écart, ceux qui ont fait le trajet complet — de la droite dure jusqu’au PCF —et d’autres en passant par assez de partis pour remplir un album Panini… avant de finir seuls, sans équipe et sans banc. »

Le départ du PS : un classique du genre, mais remis au goût du jour

Dans un communiqué aussi long qu’un trajet du T4 quand il pleut, Ben Khelifa annonce quitter le Parti socialiste. Encore ? Oui. Mais cette fois avec style. Les raisons invoquées :

  • le PS “manque de courage international”, surtout sur Gaza
  • le PS se perd dans des arrangements métropolitains opaques
  • le PS s’aligne trop sur Raphael Glucksmann et, par effet ricochet, sur Macron
    (petit clin d’œil : le même Macron dont il avait soutenu un député en 2020 — mais on ne vit pas dans le passé, voyons).

Bref : Ben Khelifa part. Et comme par magie, un pont apparaît vers… LFI.

Du socialisme à l’insoumission : un saut sans élan (mais avec conviction)

Le voilà donc désormais aux côtés d’Idir Boumertit, député LFI. Un détail amusant : il s’agissait jusqu’à récemment de son adversaire politique direct. Mais l’eau a coulé sous les ponts, les étiquettes ont changé de couleur, et les inimitiés d’hier deviennent des ententes d’aujourd’hui. Les deux hommes se découvrent soudain des objectifs communs :

  • lutter contre la gestion “autocratique” du PCF local,
  • prôner plus de transparence,
  • remettre les habitants au centre,
  • et — combat essentiel — ouvrir les équipements jeunesse en août. Une urgence démocratique, visiblement 🙂

“Je refuse la gauche des logos” : le nouveau slogan d’un homme qui les a tous portés

L’ex socialiste assure aujourd’hui qu’il refuse la “gauche des appareils”, les “arrangements”, les “combinazioni”. Cette phrase, sortie de nulle part, ferait presque oublier qu’il a traversé — et parfois incarné — plusieurs de ces appareils. Mais cette fois, promis : place à la gauche authentique, populaire, sincère. Celle qui, coïncidence totale, l’accueille aujourd’hui à bras ouverts.

Et parce qu’un revirement ne serait pas complet sans une bonne dose de dramaturgie, Ben Khelifa a publié une longue mise au point bien sentie, adressée directement au PCF. Un texte entre le manifeste, la confession… et le règlement de comptes façon feuilleton.

Voici les passages les plus marquants :

“Chers camarades communistes, c’est VOUS qui m’avez proposé d’être sur votre liste. Pas l’inverse.”

Ben Khelifa affirme avoir décliné la proposition. Il cite même les prénoms des présents : ambiance “liste d’émargement” dans un billet politique.

“On m’accuse de trahison ? Vous découvrez enfin la morale, c’est mignon.”

Il rappelle que le PCF avait débauché un élu de droite en 2014. À l’époque, cela s’appelait “rassembler”. En 2024, quand lui refuse une place, c’est “trahir”. La mémoire sélective, sport favori en politique.

“J’ai proposé plein d’idées, et vous les avez appliquées. Tant mieux pour les habitants.” Il cite en vrac :

  • mutuelle communale,
  • menus avec et sans viande,
  • pré-accueil dès 7h30,

Comme quoi, même dans l’opposition, on peut être une source d’inspiration.

“L’Obama des Minguettes ? Merci, mais pas quand c’est dit avec condescendance.”

Il démonte proprement ce surnom paternaliste. Et pose la vraie question : “C’est parce que je suis noir ?” Fin du débat.

“Oui, j’ai soutenu Yves Blein en 2020. Et alors ? Je l’assume.”

Au moins un passage sans ambiguïté. On apprécie la clarté.

Conclusion : Vénissieux toujours à gauche, mais personne ne sait laquelle

Alors que reste-t-il de ce tourbillon ?

  • Un ancien sympathisant socialiste devenu opposant au communisme,
  • passé par une liste macroniste,
  • qui quitte un PS trop macron-compatible,
  • pour rejoindre LFI,
  • et faire liste commune avec son ancien rival.

Vénissieux peut au moins être certaine d’une chose : En 2026, il y aura du spectacle. Et peut-être même un peu de politique.

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