L’association ne cesse de faire parler d’elle dans la presse, ce qui signifie que le thème de la mixité sociale est au cœur des problématiques des quartiers dits sensibles.
Après avoir dénoncé la construction du futur collège entre deux zones urbaines sensibles, l’association a décidé de déposé un recours gracieux auprès du président de la Métropole de Lyon, car la colère monte du côté des fondateurs de No-Ghetto
Après une rencontre avec Mme Véronique Moreira vice-présidente de la Métropole de Lyon chargée de l’Education et des Collèges, l’association est surprise que Mme Moreira revient sur ces déclarations
« C’était que du vent, elle est revenue sur tout ce qu’elle avait promis, même si elle confirme une concertation avec les parents d’élèves pour définir une nouvelle carte scolaire ». « On attend de voir ».
Via un communique de presse, l’association reste étonnée du changement de ton de la Métropole :
Nous avons été surpris d’apprendre qu’aucune étude n’avait été lancée, qu’aucun projet n’était arrêté, et qu’aucun objectif n’était défini, Pire, nous avons compris que Véronique Moreira n’était finalement pas aussi favorable à ce que les collégiens de la métropole puissent échapper à leur assignation à résidence puisque selon elle, il ne faudrait pas rompre les circuits de solidarité qui existent au sein de ces quartiers populaires. Face à cette incompréhension, nous avons décidé d’utiliser tous les moyens à notre disposition pour que ce débat sur la mixité sociale et d’origine ne soit pas escamoté ». (LyonMag)
Pour l’association, ce recours a pour but de dénoncer les délibérations n° 2021-0679 et 2021-0680 que le conseil de la métropole de Lyon a adoptée lors de son conseil des 27 et 28 septembre 2021. Pour Khady Rebuzzi, présidente de No-Ghetto, ces deux délibérations sont entachées d’illégalité car « elles méconnaissent le principe d’égalité des usagers devant le service public local »
L’association, via ce recours gracieux demande tout simplement que ces deux délibérations soient retirées car selon Mme Rebuzzy, il y a une différence notable de programme et de budget pour ces deux collèges expliqués dans un communiqué de presse :
- Le programme du collège prévu à Albigny prévoit une demi-pension pour 670 rationnaires avec une cuisine en production fonctionnant selon le principe du “salad bar”. Le programme du collège prévu à Vénissieux ne prévoit qu’une demi pension pour 400 élèves sans que soit précisé le mode de production de ces repas.
- Le projet du collège d’Albigny sera choisi à l’issue d’un concours d’architecture, permettant aux membres du jury de choisir la meilleure proposition pour un équipement public structurant. Le projet du collège de Vénissieux sera choisi à l’issue d’une consultation en vue d’un marché global de performance. Puisque cette procédure s’adresse à des groupements d’entreprises qui s’engagent sur la réalisation et l’exploitation du bâtiment, le critère prix s’imposera à celui de la réponse architecturale, ce qui est regrettable pour des bâtiments dont la dimension symbolique devrait être importante pour la nouvelle collectivité.
- Enfin et surtout, le programme du collège prévu à Albigny prévoit un coût d’opération de construction de 31,9 millions d’euros, celui du collège prévu à Vénissieux n’étant que de 29,6 millions d’euros. Une telle différence de traitement s’explique d’autant moins que les caractéristiques socio-économiques de d’Albigny et de Vénissieux justifieraient au contraire d’investir plus dans les secteurs défavorisés de l’agglomération.
→ Communiqué de press_NoGhetto_recours gracieux
Mr Pierre Alain Millet (PCF) adjoint au logement à Vénissieux, et conseiller métropolitain, est sur la même longueur que le maire de Saint-Fons, puisque l’élu communiste ne comprend pas « ce discours qui laisse penser que pour réussir il faut s’éloigner de ses origines. »
Alors comment favoriser la mixité sociale. Et bien du côté de la Métropole et par la voix de Mme Moreira, une des solutions proposées par l’élue métropolitaine est de créer une section Cirque dans ce nouveau collège qui selon elle « Cette option très appréciée, voire élitiste, déboucherait sur de nombreux emplois. »
Pour Farid Benmoussa, conseiller municipal sans étiquette et membre de l’association No Ghetto, « c’est du foutage de gueule surtout quand je vois l’option informatique dans d’autres collèges, par exemple »
Mme Moreira et les élus communistes vénissians devraient lire le rapport de Youssef Souidi, doctorant à l’École d’économie de Paris et coauteur d’un rapport de recherche intitulé « Renforcer la mixité sociale au collège » et qui n’est pas convaincu par les mesures annoncées par la Métropole. Interrogé par L’Arrière-Cour, il préconise d’autres méthodes pour favoriser la mixité sociale dans les collèges, à l’image des expérimentations menées à Paris et Toulouse.
« Si l’on veut créer de la mixité sociale et d’origine dans les collèges, il est préférable ‘d’envoyer’ des enfants issus de quartiers défavorisés étudier dans des quartiers favorisés. Le contraire est généralement moins efficace.
Les membres de l’association ne compte pas s’arrêter à mi-chemin, car si le président de la Métropole ne retire pas ces deux délibérations, No Ghetto promet déjà « une démarche contentieuse devant la justice administrative ».
Lire l’enquête sur le site de L’Arrière Cour → Les écolos trop timides sur la mixité sociale dans les collèges ?
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