Résiliation du contrat du lycée Al-Kindi : le député Boumertit interpelle l’État

La fermeture du lycée Al-Kindi de Décines-Charpieu continue d’alimenter les débats et soulève des questions quant à la responsabilité des pouvoirs publics. Le député de la 14e circonscription du Rhône, Idir Boumertit (La France Insoumise), a interpellé la ministre de l’Éducation nationale, Elisabeth Borne, pour protester contre la résiliation du contrat d’association entre l’État et cet établissement privé musulman. Cependant, la réaction de la ministre, qui s’est déclarée non compétente sur la question, suscite de vives critiques.

Lors de l’audition en commission des affaires culturelles, l’élu LFI a dénoncé une mesure qu’il juge « incompréhensible ». Selon lui, le lycée Al-Kindi avait répondu à toutes les exigences formulées par l’Éducation nationale et pris les mesures correctives demandées. Ce contexte aurait dû logiquement conduire à un maintien du contrat d’association, garant de l’égalité républicaine entre établissements privés sous contrat.

La ministre, quant à elle, a précisé que la décision relevait uniquement de la préfecture, sur la base des conclusions de l’inspection de l’Éducation nationale. « C’est donc une décision des instances ad hoc qui peut faire l’objet de recours. Moi, je ne peux pas me prononcer sur un sujet qui ne relève pas de mon ministère », a-t-elle déclaré.

Cependant, cette déclaration soulève plusieurs interrogations. D’abord, Élisabeth Borne · Ministre d’État, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche est responsable de la supervision des établissements scolaires, y compris ceux sous contrat avec l’État. En s’en remettant uniquement à la préfecture, Elisabeth Borne semble se dédouaner d’une affaire touchant directement le domaine pédagogique et la gestion des écoles privées.

Cette posture est perçue par certains observateurs comme une fuite en avant, évitant de prendre position dans un contexte sensible. La situation du lycée Stanislas, mentionnée par Idir Boumertit, illustre ce sentiment de « deux poids, deux mesures ». Si cet établissement parisien a pu conserver son contrat sous des conditions controversées, pourquoi le lycée Al-Kindi, pourtant en conformité avec les demandes officielles, est-il sanctionné ?

La responsabilité ministérielle dans l’égalité de traitement des établissements privés sous contrat ne peut être écartée aussi facilement. En renvoyant la balle à la préfecture, Elisabeth Borne donne l’impression d’un manque de volonté politique pour assurer une application juste des règles de la République.

Cette affaire pourrait bien avoir des conséquences judiciaires et politiques. Les avocats du lycée Al-Kindi ont déjà annoncé leur intention de saisir la justice pour contester la décision. Du côté politique, les députés LFI du Rhône ont critiqué un « contexte de ciblage systématique des institutions musulmanes ».

Il semble donc que la fermeture du lycée Al-Kindi soit loin d’être simplement une affaire administrative. Elle soulève des questions profondes sur la gestion de la diversité dans l’éducation et l’application des principes républicains. En refusant de s’impliquer davantage, la ministre de l’Éducation risque de laisser s’envenimer une affaire qui pourrait nourrir des tensions sociales et politiques importantes.

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