Saint-Fons : « Rien ne va plus » dans la police municipale – et ce n’est pas une formule

Rien ne va plus dans la police municipale de Saint-Fons. On pourrait presque en rire, si le tableau n’était pas aussi sombre. Harcèlement moral, violences physiques, manipulations, intimidations… Ce qui devrait être un pilier de sécurité pour les habitants est devenu, selon plusieurs témoignages internes relayés par LyonMag, un terrain miné pour ses propres agents. Un service public essentiel vacille, et ce, dans un silence politique assourdissant.

Depuis la suspension de l’ancien chef de la police municipale en février 2024 – pour avoir dénoncé, toujours d’après LyonMag, une ingérence administrative dans ses fonctions – le service s’enfonce dans une crise profonde. Censé assurer l’intérim, son ex-adjoint est rapidement devenu le centre des polémiques. Trois plaintes ont été déposées contre lui, une quatrième affaire concerne une grave blessure survenue lors d’un entraînement de boxe : fracture ouverte du nez, 21 jours d’ITT. Le tout, dans ce qui ressemble davantage à une démonstration de force qu’à une session technique, selon les informations recueillies par LyonMag.

Ce climat délétère est décrit comme un véritable système de harcèlement institutionnel. Plusieurs agents parlent de peur constante, de propos sexistes, de violences répétées et même, selon une source citée par LyonMag, d’utilisation arbitraire d’un pistolet à impulsion électrique sur une collègue d’accueil – hors de tout cadre légal. On évoque aussi des incitations à la violence entre collègues, des faux administratifs, du vol, de la diffamation.

Plusieurs agents ont craqué. L’un d’eux a quitté la collectivité en invoquant sa santé et sa sécurité, un autre a déposé plainte après avoir été agressé verbalement, avec 8 jours d’ITT. Les chiffres révélés par les documents fournis à LyonMag parlent d’eux-mêmes : les arrêts maladie ont bondi de 174 %, les accidents du travail ont été multipliés par près de 30 depuis l’arrivée du nouvel intérimaire.

Et pourtant, tout cela se déroule sous les yeux d’une municipalité restée étonnamment passive. Toujours selon les sources de LyonMag, le passé du chef par intérim était déjà entaché : son détachement à Grigny avait été interrompu pour faute grave en janvier 2023, avec des accusations similaires.

« Il faut l’encadrer », disent certains collègues. « Il ne sait pas faire de management », ajoutent d’autres. L’ancien chef, suspendu, était semble-t-il le seul capable de le canaliser. Depuis son départ, c’est la dégringolade. Et les agents en paient le prix fort.

Malgré les alertes, les plaintes et les signalements évoqués dans l’enquête de LyonMag, aucune sanction n’a été prise. Le chef par intérim semble protégé par son rôle dans la procédure engagée contre son ancien supérieur. Résultat : le service est à la dérive, et la confiance est rompue.

Le parquet a bien été saisi. Mais l’affaire, pour l’instant, est à l’arrêt. Comme si tout cela pouvait attendre. Comme si la violence au travail n’était pas urgente. Et comme si le service public pouvait continuer à s’effondrer en silence.

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