Face à la douleur, l’importance des gestes publics

Dimanche 13 juillet 2025, un adolescent a tragiquement perdu la vie après avoir été percuté par une moto dans le quartier des Minguettes à Vénissieux. L’émotion a rapidement envahi le quartier, et depuis quelques jours des personnes viennent se recueillir devant un autel improvisé sur les lieux du drame. Des bougies, des fleurs, autant de marques de solidarité populaire pour exprimer la douleur collective. Mais du côté de la municipalité ? Pas un mot et pas de déclaration officielle.

Alors que la maire PCF de Vénissieux affirmait récemment, lors de l’inauguration du centre Roger Vaillant, qu’« il faut continuer de resserrer les liens avec l’habitant et avec la vie quotidienne, l’énergie et toutes les solidarités des quartiers populaires », force est de constater que ces liens semblent se dissoudre précisément lorsque la ville est frappée en plein cœur.

Certes, peut-être la maire a-t-elle exprimé sa compassion en privé à la famille endeuillée. Mais un geste public, un communiqué officiel ou une déclaration solennelle aurait été tout aussi nécessaire. Car dans un moment aussi tragique, il y a bien évidemment le deuil de la famille mais c’est tout un quartier, toute une ville qui ressent de la douleur face à la mort du jeune adolescent.

Ni la maire, ni son premier adjoint, ni même l’adjoint à la sécurité n’ont pris la parole publiquement après le drame. Aucun communiqué de condoléances, aucune publication sur les réseaux sociaux — contrairement au député LFI de la 14ᵉ circonscription du Rhône, qui a exprimé sa compassion dans un message publié sur sa page Facebook. Aucun signe, même symbolique, de la part de l’institution municipale.

Peut-on encore parler de « proximité » ?

Peut-on encore parler de proximité quand la première magistrate de la ville choisit de rester silencieuse face à la mort d’un jeune mineur dans l’espace public ? Peut-on se revendiquer d’un engagement pour les quartiers populaires sans même témoigner publiquement de la moindre compassion dans un moment aussi grave ? Au-delà des clivages politiques, c’est la question de la présence symbolique des élus qui se pose. Car face à un drame aussi profond, les habitants attendent des gestes simples mais forts, qui incarnent la solidarité de la ville toute entière.

Une gestion politique verrouillée

Plus troublant encore : ce silence n’est pas que verbal. Il est aussi éditorial. Le journal local Expressions, financé par la mairie de Vénissieux, n’a pas consacré une seule ligne à cet événement dramatique. Pourquoi une telle retenue ? Pour préserver une image de ville « maîtrisée » ? Pour éviter de nourrir les inquiétudes liées à l’insécurité ? Ou simplement pour ne pas avoir à répondre de choix politiques en matière de prévention et de sécurité ?

Le résultat est là : une ville meurtrie, une famille brisée, et une municipalité muette. Ce silence n’est pas seulement une absence de communication. Il devient une absence de considération.

L’humanité ne devrait pas être à géométrie variable

Il est toujours plus facile de tenir des discours chaleureux lors d’inaugurations en présence de micros et de photographes. Mais la véritable solidarité se mesure aux silences que l’on refuse de garder, aux gestes que l’on ose faire, aux mots que l’on choisit de dire quand tout un quartier cherche à faire face à l’insupportable. Une municipalité vraiment ancrée dans sa ville, vraiment proche de ses habitants, aurait su — aurait dû — être présente. Ne serait-ce qu’à travers quelques mots publics, un geste symbolique, une déclaration officielle. Ne rien faire, c’est envoyer un message terrible : que la vie d’un jeune de 16 ans ne mérite même pas une prise de parole.

À Vénissieux, les cérémonies officielles ont droit à des discours, mais lorsqu’un adolescent perd tragiquement la vie, c’est le silence qui règne. Ce contraste entre les paroles publiques et l’absence de réaction interroge. Car dans un moment aussi douloureux, le silence peut être perçu comme une forme d’abandon.

Une cagnotte en ligne a été ouverte sur la plateforme Letchi. À l’initiative de proches et de membres de la communauté, cette collecte vise à soutenir la famille endeuillée en finançant les frais liés aux obsèques du jeune garçon. 

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.