La rigueur pour le peuple, les milliards pour l’armée

Mardi 15 juillet 2025, François Bayrou, nouveau Premier ministre, a levé le voile sur le plan d’économies drastiques que le gouvernement entend imposer aux Français pour boucler un budget 2026 sous tension. Objectif : 44 milliards d’euros d’économies. Mais derrière les chiffres, une stratégie politique se dessine : faire peser les conséquences de la mauvaise gestion de l’État sur les classes moyennes et populaires, pendant que l’appareil militaire, lui, voit ses crédits gonfler.

L’effort pour tous… sauf pour l’armée

Le gouvernement affirme vouloir « ne pas dépenser un euro de plus qu’en 2025 ». Une règle rigide, sauf – et cela n’étonnera personne – pour le budget de la défense. La priorité donnée à l’appareil militaire, en pleine dynamique de réarmement voulu par Emmanuel Macron, devient le prétexte pour sabrer dans tous les autres domaines : santé, retraites, fonction publique, fiscalité.

Derrière le vernis technocratique du « sérieux budgétaire » se cache en réalité un choix politique assumé : réduire les services publics et la protection sociale pour financer une politique de puissance, quitte à rogner sur les acquis sociaux.

La santé, nouvelle cible des restrictions

Les malades sont désignés à mots à peine couverts comme des coupables potentiels. François Bayrou évoque la nécessité pour eux de faire un « effort ». Traduction : les franchises médicales doublent, passant de 50 à 100 euros par an, tandis que les remboursements pour certaines pathologies longue durée seront limités. En filigrane, c’est l’idée qu’on abuse du système – un discours bien commode pour justifier la baisse des dépenses, mais qui stigmatise sans nuance.

Même logique sur les arrêts maladie : la reprise du travail ne dépendra plus du médecin du travail, mais du généraliste, réduisant les garanties pour les salariés. L’objectif est clair : responsabiliser les malades, ou plutôt, les culpabiliser.

Fonction publique et retraites : des efforts à sens unique

Le gouvernement prévoit de ne pas remplacer un fonctionnaire sur trois partant à la retraite. Résultat : une baisse mécanique de 3 000 postes dès 2026, et une pression accrue sur des services publics déjà exsangues. Certaines agences de l’État seront purement et simplement supprimées, au nom d’une rationalisation souvent plus idéologique qu’efficace.

Côté retraites, pas d’illusion : gel des pensions, des prestations sociales et des barèmes d’impôt. En clair, une perte de pouvoir d’achat déguisée, imposée à tous, sans exception. Même les minima sociaux seront gelés, au risque d’aggraver la précarité.

Symboles et gadgets : deux jours fériés supprimés, une taxe sur les colis

Pour compléter cette panoplie d’austérité, deux jours fériés seront supprimés – potentiellement le lundi de Pâques et le 8 mai. Une mesure symbolique censée « redonner du sens au travail », selon les mots du Premier ministre. Une rhétorique usée jusqu’à la corde pour camoufler un recul social de plus.

Autre mesure : une taxe sur les petits colis, présentée comme un rempart contre la concurrence déloyale du e-commerce. Une intention louable en surface, mais qui frappera d’abord les consommateurs les plus modestes.

Les riches mis à contribution ? Une promesse floue

Le gouvernement tente de donner un vernis d’équité à son plan en annonçant une « contribution de solidarité » des plus aisés. Mais les modalités restent floues, renvoyées au bon vouloir du Parlement. Rien de concret n’est décidé, et les promesses de lutte contre l’optimisation fiscale ressemblent davantage à un effet d’annonce qu’à une réelle volonté politique.

Une austérité idéologique, pas seulement budgétaire

Ce plan d’économies ne se contente pas de viser l’équilibre budgétaire. Il traduit une vision du monde : celle d’un État réduit à ses fonctions régaliennes, où la protection sociale devient une variable d’ajustement. La macronie, fidèle à ses dogmes néolibéraux, choisit une fois de plus de faire porter le fardeau à la base plutôt qu’au sommet.

Les Français, eux, devront continuer à « faire des efforts » pendant que l’État injecte des milliards dans l’armement. Une logique déséquilibrée, contestable sur le fond comme sur la forme, qui risque d’aggraver les fractures sociales et de miner un peu plus la confiance dans les institutions.

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