Depuis sa mise en place, le Service National Universel (SNU) suscite un débat animé au sein de la société française. Alors que les objectifs affichés par le gouvernement lui semblent sont nobles et la promesse d’une expérience formatrice séduisante, une analyse critique révèle des lacunes et des préoccupations fondamentales et son efficacité peut être remise en cause
Coût Élevé et Priorités Budgétaires : L’un des principaux points de friction réside dans le coût du SNU. En période de contraintes budgétaires, allouer des ressources substantielles à un programme qui ne garantit pas un retour sur investissement clair soulève des interrogations. Les fonds nécessaires pour le SNU pourraient être plus judicieusement utilisés dans des domaines comme l’éducation, la santé ou la lutte contre la précarité.
Efficacité Réelle sur la Cohésion Sociale : Bien que le SNU ait pour but de renforcer la cohésion sociale en rassemblant des jeunes de milieux différents, il peut également aboutir à une expérience artificielle et forcée. Les interactions forcées pourraient engendrer des tensions au lieu de promouvoir une compréhension mutuelle sincère. L’authentique cohésion sociale doit émerger de la diversité naturelle et du respect mutuel.
Dilution des Objectifs et Superficialité : Le SNU tente de toucher à une multitude d’objectifs allant du civisme au développement personnel, en passant par la découverte de nouvelles compétences. Cependant, cette approche peut aboutir à une dilution des objectifs et à une expérience superficielle. Les jeunes pourraient avoir du mal à trouver une véritable valeur dans des activités diverses et non spécialisées.
Possibles Inégalités Sociales : Le SNU pourrait également exacerber les inégalités sociales. Les jeunes issus de milieux plus défavorisés pourraient être désavantagés, car ils pourraient avoir des difficultés à participer en raison de contraintes financières ou de situations familiales complexes. Cela pourrait mener à une perception injuste de l’engagement citoyen et à la création d’une classe de participants privilégiés.
Même le conseiller municipal vénissian pense que le SNU est une « arnaque ». Farid Bemoussa exprime dans un édito paru sur LyonMag un profond mécontentement envers le concept du Service National Universel (SNU), en partageant des anecdotes personnelles et des observations de sa propre génération. À travers des lignes empreintes de frustration, il dépeint les discriminations qu’il a personnellement subies et remet en question l’utilité du SNU.
L’extrait s’ouvre sur une référence à une chanson de Kery James, datant des années 90, qui semble avoir anticipé les problématiques de l’auteur concernant le SNU. L’auteur rappelle une époque où les jeunes issus des quartiers populaires étaient confrontés à un traitement discriminatoire, ne trouvant ni accès aux lieux de divertissement, ni opportunités professionnelles. Cette perception d’être indésirables dans certains domaines contraste avec le fait d’être considérés comme une « chair à canon » pour des conflits lointains en Bosnie ou en Libye.
L’auteur évoque ensuite la résistance de sa génération à participer au service militaire, soulignant que les jeunes ont évité cette obligation au point de voir une majorité d’entre eux être classés P4 (inaptes) ou P5 (exempts). Les anecdotes des descentes de gendarmerie pour les incorporer et les douanes les arrêtant aux frontières témoignent de cette rébellion face à une obligation perçue comme injuste.
Le passage souligne la fin du service militaire sous Jacques Chirac, avec une note d’ironie appréciative pour le président et son choix de politique étrangère. Cependant, l’auteur pointe l’apparition d’une nouvelle initiative, le SNU, sous un autre président, avec une France fracturée comme toile de fond. Cette réintroduction du SNU, d’après l’auteur, ne fait que raviver de vieilles blessures et renforce la suspicion envers une proposition qui, à première vue, vise à créer de la cohésion.
L’ironie mordante se fait sentir lorsqu’il décrit le SNU comme une séance de pompes matinales dans la boue à 6 heures du matin, qui, selon lui, n’est pas vraiment un remède pour la fragmentation sociale. L’auteur critique le caractère obligatoire du SNU et le contraste avec l’engagement authentique qu’un programme volontaire aurait pu générer.
L’extrait soulève également des questions sur les priorités budgétaires et la pertinence du SNU. Il est critiqué en tant qu’initiative coûteuse et malavisée, qui ne garantit pas de retombées positives significatives pour la société. L’auteur s’interroge sur le choix d’allouer deux milliards d’euros pour un programme qui, selon lui, ne profitera qu’aux fils de CSP+ (Catégories Socio-Professionnelles Supérieures).
L’auteur se moque de l’idée de réintroduire des uniformes à l’école et relie cette proposition au passé colonial de la France. Il critique les politiciens qui soutiennent le SNU sans l’avoir eux-mêmes expérimenté, en qualifiant certains de jeunes, pistonnés ou femmes. L’auteur suggère plutôt de réinvestir les fonds alloués au SNU dans l’éducation nationale, afin d’améliorer le classement de la France dans les évaluations internationales et de valoriser davantage les enseignants.
En somme, l »élu vénissan aborde le SNU avec un mélange de cynisme, d’ironie et de mécontentement en révélant des inquiétudes profondes quant à la pertinence, à l’équité et à l’efficacité de cette initiative gouvernementale, tout en remettant en question son adéquation avec les besoins et les préoccupations actuelles de la jeunesse et de la société française.
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