L’annonce était attendue, elle est désormais officielle. La France insoumise a dévoilé ses têtes de liste pour les élections métropolitaines dans les 14 circonscriptions du Grand Lyon. Comme pour les municipales, le mouvement mélenchoniste a choisi de faire cavalier seul dès le premier tour. Une décision qui acte, une fois encore, la rupture de l’union de la gauche, pourtant appelée de ses vœux par les communistes et une partie des écologistes.
Dans la circonscription Porte du Sud, LFI a investi le député Idir Boumertit, accompagné de Gisèle Putoud. Un binôme qui incarne la stratégie d’autonomie du parti, avec la volonté affichée de porter un programme de “rupture sociale et écologique”. Mais sur le terrain, cette candidature solitaire ne fait pas l’unanimité, loin de là.
Une gauche qui peine à parler d’une seule voix
Depuis plusieurs mois, les appels au rassemblement se multipliaient à gauche. Le Parti communiste, notamment, plaidait pour une union dès le premier tour afin de consolider un front commun capable de peser face à la droite et à l’extrême droite. En choisissant de partir seule, LFI met un terme brutal à cette perspective, en tout cas pour le premier tour de ces futures élections.
Officiellement, le parti défend une ligne claire : celle de l’indépendance politique et programmatique. En creux, cette décision révèle aussi une crise de confiance persistante entre les forces de gauche, incapables de s’entendre sur une stratégie commune, malgré des diagnostics souvent partagés sur l’urgence sociale, écologique et démocratique.
À la Porte du Sud, un territoire témoin des divisions
La Porte du Sud, territoire populaire marqué par de forts enjeux de mobilité, de logement et de précarité, apparaît comme un révélateur de ces tensions. Là où une liste d’union aurait pu rassembler largement, les électeurs se retrouveront face à plusieurs offres concurrentes à gauche.
Mais beaucoup d’électeurs redoutent une dispersion des voix, dans un contexte où l’abstention est déjà élevée. D’autres, à l’inverse, estiment que la clarté idéologique prime sur les compromis et voient dans la stratégie de LFI un moyen de peser davantage au second tour.
Une stratégie risquée à l’échelle métropolitaine
Aucune figure unique n’a, pour l’instant, été officiellement mise en avant par LFI pour porter une alternative au président écologiste de la Métropole. Le parti mise sur une dynamique collective et sur ses députés implantés localement pour incarner l’opposition. Mais cette absence de leader clairement identifié interroge sur la capacité des Insoumis à fédérer au-delà de leur socle.
Le pari est audacieux : s’imposer comme la force centrale de la gauche, quitte à bousculer ses partenaires historiques. Mais il comporte un risque évident : celui de fragiliser durablement un camp déjà éclaté, au moment même où les enjeux métropolitains – transports, urbanisme, transition écologique, inégalités territoriales – appellent des réponses collectives fortes.
Une union de la gauche à reconstruire ?
À la Porte du Sud comme ailleurs dans la métropole lyonnaise, ces élections pourraient bien servir de test politique grandeur nature. Test pour La France insoumise, qui cherche à démontrer qu’elle peut gagner seule. Test aussi pour le reste de la gauche, sommée de se réinventer dans un paysage où les stratégies nationales pèsent de plus en plus lourd sur les réalités locales.
Reste une question centrale, que beaucoup d’électeurs formulent déjà à voix basse : une gauche divisée peut-elle encore espérer rassembler largement ? À moins d’un sursaut dans l’entre-deux-tours, l’union tant invoquée pourrait bien rester, pour cette échéance encore, à l’état de promesse inachevée.
Liste LFI pour les métropolitaines 2026 :
- Lyon Ouest : Malika Benarab et Franck Assedou
- Lyon Centre : Florestan Groult et Pauline Fivel
- Lyon Sud : Léa Tauran et Cyriack Arrambourg
- Lyon Sud-Est : Laurent Legendre et Maud Dordain
- Lyon Est : Albert Lévy et Annie Celdran
- Lyon Nord : Lise Paillette et Guillaume Pelloquin
- Villeurbanne : Gabriel Amard et Josée Moudilou
- Rhône Amont : Fatiha Didaoui et Abdelkader Lahmar
- Porte des Alpes : Wafia Zak et Sinbad Hammouche
- Porte du Sud : Idir Boumertit et Gisèle Putoud
- Lônes et Coteaux : Lucas Miguel et Wassila Lahmar
- Ouest : Claire Grunenwald et Guillaume Pluvy
- Val de Saône : Hélios Lopez et Ferielle Helassa
- Plateau Nord : Raoudha Djaballah et Julien Gamaz

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