Depuis le 1er septembre 2025, la période officielle de communication préélectorale est ouverte (article L.52-1 du Code électoral, pour les amateurs de littérature administrative). Neutralité, égalité entre candidats, sobriété institutionnelle : tout est prévu pour que la démocratie avance droit, sans trébucher sur un tract mal placé.
Et pourtant, ce dimanche 14 décembre au matin, le marché de Vénissieux ressemblait davantage à une exposition électorale grandeur nature qu’à un simple rendez-vous dominical. Certes, le marché n’affichait pas une affluence record, mais cela n’a pas découragé les candidats déclarés, souvent accompagnés de colistiers ou de sympathisants soigneusement répartis autour des stands.
Au détour d’un cageot d’oranges, de primeurs, ou d’un stand de gourmandises orientales, on pouvait ainsi apercevoir le député-candidat Idir Boumertit, le médecin-candidat Dureau, Quentin Taieb pour une droite assumée sans demi-mesure, ainsi que des communistes fidèles au poste. En revanche, la maire sortante, pourtant candidate, ne semblait pas être présente. Absence stratégique, emploi du temps chargé ou simple coïncidence : le mystère reste entier.
Faire campagne sur un marché est un exercice périlleux. Les habitants, eux, sont venus acheter de quoi tenir la semaine, pas pour débattre de l’avenir municipal. Leur principale préoccupation n’est pas la couleur politique des listes, mais celle de leur porte-monnaie, qui pâlit à vue d’œil à mesure que les prix grimpent. Sur ce terrain-là, les candidats avaient peu de marge de manœuvre : difficile de faire baisser le prix des pommes entre deux promesses et trois sourires.
L’objectif était pourtant clair : convaincre que leur liste est la meilleure. Mais convaincre de quoi, exactement ? À ce stade de la campagne, certains candidats n’ont toujours pas présenté de programme. Un détail, sans doute. Après tout, un tract bien plié, une poignée de main appuyée et une photo bien cadrée suffisent parfois à donner l’illusion d’un projet.
Reste une question essentielle : ce dimanche matin, les habitants ont-ils été convaincus ? Rien n’est moins sûr. Entre le choix des poireaux et la comparaison des prix chez le boucher, la campagne électorale semblait passer après l’essentiel. La démocratie, oui… mais après les courses.

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