
Annoncée ce 12 juin, la mutuelle communale de Vénissieux voit enfin le jour, près de quatre ans après son inscription parmi les 150 engagements du plan de mandat 2020-2026. Portée par le maire Michèle Picard, cette initiative vise à offrir une couverture santé à tarifs préférentiels aux habitants, ou avoir un emploi sur la ville mais aussi aux agents municipaux, en partenariat avec la mutuelle Entrenous. Avec des garanties diversifiées (sept niveaux au total) et des engagements tarifaires stables jusqu’en 2026, une offre qui selon le maire se veut à la fois solidaire et accessible.
Sur le papier, cette mutuelle répond à une nécessité bien réelle : la précarisation de l’accès aux soins, en particulier dans les quartiers populaires. Elle s’adresse notamment aux personnes exclues du système classique : indépendants, retraités, jeunes, salariés précaires ou non couverts par leur employeur. L’accent est mis sur les populations vulnérables, notamment les personnes âgées, pour qui des services spécifiques sont proposés (téléalarme, suivi psychologique…).
Mais si l’intention sociale est forte, le moment choisi pour lancer cette mesure interpelle. Car pourquoi attendre juin 2025, à un an à peine des prochaines élections municipales prévues en mars 2026, pour concrétiser une promesse faite dès 2020 ? D’autant plus que d’autres municipalités — comme Corbas, dès 2024 — ont mis en place des mutuelles similaires sans attendre la fin du mandat. Il s’agit là d’une mairie non communiste, et au niveau régional, la Région Auvergne-Rhône-Alpes a également instauré en 2024 une mutuelle santé régionale avec des caractéristiques tout aussi ambitieuses (voir l’article ici).
Ce qui soulève bien entendu, une question politique : pourquoi Michèle Picard, élue communiste, a-t-elle autant tardé alors que la mutuelle communale figurait de longue date dans les propositions du Parti socialiste local ?
La mise en œuvre, pourtant techniquement réalisable bien avant, n’a pas été priorisée en début de mandat. Il est donc permis de se demander si ce lancement tardif ne relève pas, au moins en partie, d’un calcul politique visant à capitaliser sur une mesure populaire à l’approche du scrutin municipal.
Dans la pratique, ce lancement s’accompagne d’un dispositif de communication bien rodé : 24 permanences jusqu’à fin juillet, reprise en septembre, à l’hôtel de ville, sur le plateau des Minguettes, à Parilly et Moulin-à-Vent.
Le journal local Expressions rapporte que la nouvelle mutuelle municipale de Vénissieux, confiée à Entrenous, propose des garanties étendues avec des prix annoncés 20 à 25 % moins chers que ceux du marché. Engagée pour cinq ans, la mutuelle limite les hausses de tarifs et garantit leur stabilité jusqu’en 2026. Le lancement a visiblement fait salle comble… ou presque. Expressions parle de 400 participants, la page Facebook du maire en compte 200. Comme souvent, la vérité doit se cacher entre les deux – en tout cas, plus nombreux qu’à un conseil de quartier pluvieux !
Calendrier politique : une mise en œuvre électoralement stratégique ?
Cette annonce, bien qu’inscrite dès 2020, arrive tardivement. Une mutuelle identique a été mise en place à Corbas dès 2024, preuve qu’une mairie motivée pouvait agir plus tôt. Cette inertie interroge, surtout dans un contexte où le besoin est connu et la solution disponible.
- Date de l’élection municipale : mars 2026
- Date de l’annonce de la mutuelle : 12 juin 2025
- Temps restant avant les élections : environ 9 mois
Si la volonté de justice sociale est mise en avant dans le discours officiel, le timing interroge sur l’instrumentalisation électorale d’un projet pourtant porté depuis des années par le PS local. Ce dernier, historiquement favorable à la mutuelle municipale, voit donc la majorité actuelle s’approprier une mesure longtemps différée.
En somme, cette mutuelle arrive à point nommé… pour la campagne à venir.
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