C’est officiel : la métropole lyonnaise décroche un nouveau label brillant comme une boule à facettes — celui de Pôle national du cirque (PNC). Et pas n’importe où : à Vénissieux, dans le quartier Parilly, futur épicentre de la gravité suspendue. Le projet UtoPistes – Cité internationale des arts du cirque, porté depuis plus de quinze ans par Mathurin Bolze et la compagnie MPTA, voit enfin son rêve labellisé par la ministre de la Culture, entre deux chahuts syndicaux.
Les grandes ambitions sont là : création, formation, transmission… et sans doute un peu d’équilibrisme budgétaire. À partir de 2028, la Cité promet de devenir un lieu de vie, de travail et d’inspiration pour les artistes, tout en s’inscrivant dans la constellation déjà bien remplie des quatorze autres Pôles nationaux du cirque français. Bref, la France compte désormais plus de chapiteaux officiels que de cirques ambulants.
Mais avant de voler au trapèze, encore faut-il atterrir sur ses pieds. Rappelons qu’en 2021 déjà, la Métropole de Lyon avait déboursé 100 000 euros pour « étudier la faisabilité » du projet, puis obtenu une subvention ministérielle de 7 millions d’euros. L’argent coule donc, sinon à flot, du moins en rivières dorées. Et certains habitants de Vénissieux, confrontés à d’autres acrobaties du quotidien, se demandent si cette pluie de subventions ne pourrait pas être mieux équilibrée.
Car Vénissieux, c’est déjà un peu le cirque, mais sans piste aux étoiles. Entre défis sociaux, sécuritaires, économiques et urbanistiques, la ville jongle avec les priorités. Alors forcément, l’annonce d’un grand pôle des arts du cirque peut prêter à sourire. On se souvient d’ailleurs de cette élue métropolitaine qui, pleine d’enthousiasme, avait proposé d’introduire une option cirque dans le nouveau collège du quartier pour favoriser la mixité scolaire. Une idée accueillie avec un certain sens de l’humour par l’association No-Ghetto, qui y voyait plutôt un gag de fin de numéro.
Pour Michèle Picard, maire communiste et vice-présidente à la Métropole, le projet reste une fierté : « Le Grand Parilly deviendra un lieu de référence pour la pratique du cirque en France et à l’international. » Une prophétie qui pourrait bien se réaliser — à condition que le public suive et que la piste ne se transforme pas en arène politique.
Sur le papier, tout est beau : création artistique, emploi local, dynamisme culturel. Dans la réalité, les sceptiques restent nombreux. Entre ceux qui redoutent un projet hors-sol et ceux qui craignent un effet vitrine, la Cité du cirque marche sur un fil tendu entre ambition culturelle et priorités sociales.
Alors oui, Vénissieux aura bientôt son chapiteau, son label et ses étoiles. Mais pour que la magie opère, il faudra sans doute un peu plus que des subventions et des discours bien huilés. Après tout, le vrai cirque, c’est celui qu’on fait tenir debout malgré le vent — et pas seulement celui où on fait semblant de voler.
Le @MinistereCC soutient les arts du cirque : l’asso UtoPistes obtient le label Pôle national du Cirque pour la future Cité des arts du cirque à Vénissieux (2028). Une reconnaissance forte pour une filière dynamique en Auvergne-Rhône-Alpes : 4 700 licenciés, 160 compagnies. pic.twitter.com/HK33I1BRPa
— Rachida Dati ن (@datirachida) October 17, 2025

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