Après les coups de feu qui ont semé la peur samedi soir aux Minguettes, les réactions politiques n’ont pas tardé. La maire de Vénissieux, Michèle Picard, comme le député de la 14ème circonscription du Rhône, Idir Boumertit, ont publiquement exprimé leur inquiétude et dénoncé une situation devenue, selon leurs mots, « intolérable ». Tous deux pointent principalement la responsabilité de l’État et le manque de moyens accordés aux forces de sécurité.
Dans son communiqué, la maire évoque une banalisation de l’usage d’armes lourdes en milieu urbain et rappelle avoir, à plusieurs reprises, alerté les ministres de l’Intérieur pour obtenir davantage de renforts policiers et judiciaires. De son côté, le député appelle le ministère à venir constater sur place les difficultés rencontrées par les forces de l’ordre, dénonçant un véritable « climat de terreur ».
Mais pour beaucoup d’habitants, ces déclarations laissent aussi un goût d’inachevé. À force de renvoyer la responsabilité vers Paris, une question persiste : quel rôle joue la municipalité dans la prévention, la tranquillité publique et la sécurité du quotidien ?
C’est précisément sur ce point que le communiqué de Vénissieux Plurielle, porté par Laurent Dureau, candidat aux municipales de 2026, apporte un avis différent. S’il condamne fermement les tirs et appelle lui aussi l’État à agir rapidement contre les réseaux criminels, le mouvement refuse que la Ville se défausse entièrement. Selon lui, sécurité et tranquillité publique nécessitent également une stratégie municipale claire, des choix budgétaires assumés et des actions concrètes au niveau local.
Il rappelle notamment qu’aucun investissement spécifique en matière de sécurité n’est prévu dans le budget municipal annoncé pour 2026. Une situation jugée incohérente face à une insécurité que beaucoup estiment croissante. Le communiqué souligne également que les deux principales figures appelant aujourd’hui l’État à agir — la maire et le député — font partie de l’équipe municipale actuelle, ce qui interroge sur la part de responsabilité locale dans l’absence de réponses durables.
Au-delà des rivalités politiques, cet épisode met en lumière une attente forte des habitants des Minguettes et plus largement de Vénissieux : celle de pouvoir vivre normalement, sans peur, dans leur quartier. Les riverains ne se contentent plus de communiqués ou de constats partagés après chaque fait grave. Ils attendent une action coordonnée, à la fois de l’État et de la Ville, capable d’allier répression des réseaux, prévention, présence humaine et investissements concrets.
Car si la sécurité est une compétence partagée, l’inaction ou le renvoi systématique des responsabilités ne font qu’aggraver le sentiment d’abandon. Pour beaucoup de Vénissians, le temps des discours semble désormais dépassé : c’est celui des décisions et des actes qui est attendu.

Soyez le premier à commenter