Zones à faibles émissions : retour en arrière ou retour au bon sens ?

L’Assemblée nationale a adopté, ce mardi, le projet de loi de simplification, un texte fourre-tout aux multiples ramifications, dont une, en particulier, suscite de vives réactions : la suppression des Zones à Faibles Émissions (ZFE). Si la mesure doit encore franchir l’obstacle du Conseil constitutionnel – qui pourrait y voir un cavalier législatif – elle fait déjà grand bruit dans l’agglomération lyonnaise, et notamment à Vénissieux.

Pour de nombreux habitants de cette commune populaire du sud lyonnais, la nouvelle sonne comme un soulagement. Les automobilistes détenteurs de véhicules Crit’Air 3, jusque-là menacés d’exclusion progressive de certaines zones urbaines, pourraient bien conserver l’usage de leur voiture sans avoir à la remplacer à grands frais. Une bouffée d’oxygène dans un contexte économique tendu.

Mais si les Vénissians peuvent souffler, l’ambiance est plus lourde dans les rangs écologistes. Opposés fermement à la suppression des ZFE, ils dénoncent une reculade en matière de santé publique et de transition écologique. Leur colère est d’autant plus vive que le texte a été adopté contre l’avis du camp présidentiel, avec le soutien d’alliances aussi improbables que celle entre le Rassemblement national, Les Républicains, Horizons ou encore le MoDem.

À Vénissieux, fief communiste bien ancré, l’attitude des élus locaux a de quoi surprendre. Car si les élus PCF et LFI à la Métropole de Lyon se sont contentés de s’abstenir lors des votes précédents sur les ZFE, la maire communiste de la ville – également vice-présidente à la Métropole – avait pourtant apporté son soutien au dispositif. Un vote qui tranche avec la satisfaction probable de certains membres de la majorité municipale, soulagés d’échapper à une mesure perçue comme pénalisante pour les classes populaires.

Sur les bancs de l’Assemblée, les élus du Rhône ont montré une participation bien plus forte que lors du premier vote du 28 mai, où une majorité d’entre eux s’étaient fait remarquer par leur absence. Ce mardi, seuls deux parlementaires rhodaniens – Abdelkader Lahmar (LFI) et Marie-Charlotte Garin (Les Écologistes) – ont manqué à l’appel. Un revirement notable, surtout pour les insoumis, qui avaient d’abord soutenu la suppression des ZFE avant de voter contre le projet de loi dans son ensemble.

Le flou politique entoure donc cette suppression, à la fois en termes de calendrier et de validité juridique. La Commission mixte paritaire devra désormais harmoniser les versions sénatoriale et parlementaire du texte, avant un éventuel passage devant le Conseil constitutionnel, susceptible de censurer l’article en question au motif qu’il serait hors sujet.

Quoi qu’il en soit, cette séquence révèle une fracture profonde : d’un côté, une partie de la population lasse des contraintes écologiques perçues comme injustes ; de l’autre, des défenseurs de l’environnement inquiets du signal envoyé. À Vénissieux comme ailleurs, le débat sur les ZFE n’a pas fini d’agiter les esprits.

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