Après le communiqué de Michèle Picard, la réaction du groupe Casino n’a pas tardé à venir.
Dans quelques jours, le supermarché Casino situé à Vénissy dans le quartier des Minguettes à Vénissieux sera transformé en un supermarché 100% halal. Cette annonce fait suite à la cession du fonds de commerce par le groupe Casino à sa filiale Triangle, pour un euro symbolique, une transaction rendue nécessaire faute de repreneurs. Cependant, cette décision a provoqué des tensions entre la municipalité et l’enseigne de distribution, notamment concernant la gestion de la transition et la communication autour de ce projet.
La maire de Vénissieux, Michèle Picard, a exprimé publiquement son mécontentement face à ce qu’elle décrit comme un manque de transparence de la part du groupe Casino. Selon elle, la municipalité aurait été mise devant le fait accompli, accusant l’entreprise d’avoir mené cette transaction sans consultation préalable. La maire s’est dite surprise par cette évolution, déplorant l’absence de discussions en amont et l’impact potentiel sur le quartier, connu pour ses défis socio-économiques.
Michèle Picard, maire communiste de Vénissieux, est même allée jusqu’à accuser le groupe d’avoir réalisé cette transaction en catimini, en appelant au procureur et aux pouvoirs publics :
« J’en appelle aux pouvoirs publics partenaires de la politique de la Ville, pour user de toute leur autorité. J’en appelle au procureur de la République pour examiner les conditions de cette cession au plus bas prix. Ne disposons-nous pas de moyens légaux pour agir ? Tous les éventuels repreneurs ont-ils eu la même opportunité sur les conditions de rachat, en particulier le prix de cession ? Concurrence déloyale ? » (Michèle Picard)
Pourtant, le groupe Casino, via un communiqué de presse publié sur le site LyonMag, a tenu à rectifier ces déclarations. Selon l’enseigne stéphanoise, une recherche active de repreneurs avait été lancée dès mai dernier, non seulement pour le magasin des Minguettes, mais aussi pour une vingtaine d’autres sites sans repreneurs à travers la France. De plus, Casino affirme avoir informé la Ville de Vénissieux ainsi que la Préfecture à plusieurs reprises, notamment par un courrier daté du 22 mai. Dans ce courrier, la direction indiquait déjà être ouverte à des propositions de la part des acteurs locaux, mais regrette n’avoir reçu aucune offre concrète ni de la municipalité, ni de la Métropole, ni des bailleurs sociaux.
Le groupe Casino précise également qu’il y a eu des échanges réguliers avec un représentant de la Ville tout au long du processus, contredisant ainsi les propos de Michèle Picard sur l’absence de communication. En outre, selon LyonMag, deux réunions se sont tenues début octobre entre Casino, la mairie de Vénissieux et la Métropole de Lyon. Lors de ces discussions, deux enseignes discount auraient manifesté un intérêt pour le site. Cependant, selon Casino, ces enseignes n’avaient pas formulé d’offres spontanées avant ces réunions, ce qui laisse entendre que les collectivités n’avaient pas anticipé la situation.
L’enseigne a également mené des démarches actives pour tenter de sauver le site, contactant 280 enseignes alimentaires et non alimentaires. Mais les tentatives sont restées infructueuses. Selon Casino, des facteurs comme l’insécurité et le coût du loyer ont dissuadé les potentiels repreneurs.
Face à cette situation, Casino s’est donc tourné vers la solution de cession à sa filiale Triangle, aboutissant à la transformation du magasin en un supermarché halal. Bien que le groupe se garde de commenter la nature de la nouvelle offre commerciale, il insiste sur le fait que cette solution permet d’éviter une friche commerciale et de maintenir les 28 emplois du site, en majorité occupés par des habitants de Vénissieux. Une annonce qui devrait faire plaisir à l’élue communiste puisque des emplois seront pérénnisés.
Tandis que la Ville de Vénissieux critique une absence de consultation, Casino rétorque avoir pris toutes les mesures nécessaires pour assurer une transition en bonne et due forme, tout en soulignant l’absence d’offres publiques malgré plusieurs sollicitations. Une situation qui, au-delà des désaccords, révèle les difficultés de redynamisation économique dans des quartiers sensibles comme les Minguettes et notamment du centre de Vénissieux, ou les préemptions de locaux n’ont pas à ce jour permis cette redynamisation.
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