Des fresques murales qui interrogent à Vénissieux

Dans le quartier de la Darnaise, à Vénissieux, des fresques colorées ont été peintes dans deux tours du boulevard Lénine. Ce projet, appelé « D’ART-naise », a été porté par Grand Lyon Habitat, avec l’artiste brésilien Dagson Silva, le collectif Kolor1 et la participation de nombreux habitants, dont des jeunes du quartier.

L’objectif affiché est clair : améliorer le cadre de vie, souvent marqué par des halls dégradés, des paliers sales et une forte précarité. Beaucoup de résidents affirment que ces fresques apportent plus de chaleur et de fierté à leur immeuble, et qu’elles donnent une meilleure image du quartier.

 Un coût qui fait débat

Mais le coût des fresques suscite des critiques.

  • La première, dans la tour 41, inaugurée en février 2025, a coûté 80 000 euros, financée notamment par la Métropole de Lyon et l’Etat, via l’Agence nationale de renouvellement urbain (Anru).

  • La seconde, dans la tour 61, 49 622 euros, dont 20 000 euros financés par la Métropole de Lyon.

En tout, près de 130 000 euros ont semble t-il été investis dans un quartier où les besoins sont nombreux. Certains habitants, confrontés à des ascenseurs en panne, des odeurs persistantes ou des portes cassées, estiment que ces fonds publics auraient pu être affectés à des travaux plus urgents. D’autres reconnaissent l’intérêt artistique, mais jugent que les priorités ne sont pas respectées.

 Une représentation qui divise

La fresque de la tour 61, en particulier, a déclenché une polémique. L’association Comité 1905, qui milite pour le respect de la laïcité, dénonce la représentation d’une fillette voilée, dans une scène où une mère accompagne ses enfants à l’école, ainsi que l’absence de visages sur tous les personnages.

Grand Lyon Habitat répond que cette apparence est liée à la technique utilisée : le pochoir, qui permet d’impliquer plus facilement les habitants, mais limite les détails. Le bailleur insiste sur le fait que la fresque ne porte aucun message religieux et qu’une concertation a eu lieu avec les habitants (44 foyers consultés sur 60).

Une initiative soutenue mais sous surveillance

Malgré la controverse, le projet reste soutenu par les institutions locales. L’inauguration a réuni Michèle Picard, maire de Vénissieux, Renaud Payre, vice-président de la Métropole, et un représentant de la préfecture. Tous saluent une démarche qui cherche à renforcer le lien social et la fierté d’habiter ces lieux.

Mais dans ce quartier parmi les plus précaires de l’agglomération lyonnaise, certains habitants restent méfiants. Ils rappellent que par le passé, des fresques ou photos avaient été posées sur des immeubles avant leur démolition, ce qui laisse craindre que ces projets servent parfois plus à la communication qu’à une réelle amélioration des conditions de vie.

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.