
Dans une tribune publiée sur LyonMag, Farid BenMoussa conseiller municipal de Vénissieux pousse un cri d’alerte. Chaque semaine, dit-il, voit ressurgir les lamentations des élus de l’Ouest lyonnais, indignés par les obligations de la loi SRU, qui impose la construction de logements sociaux sur leurs communes. Pour cet élu de terrain, il ne s’agit pas d’un hasard ni d’un simple désintérêt, mais d’un véritable choix politique.
« Ces maires ne veulent pas de HLM entre la boulangerie bio et le club de tennis. Ce n’est pas une négligence, c’est une stratégie », accuse-t-il.
L’Ouest lyonnais, selon lui, refuse les populations précaires, préférant préserver son cadre de vie feutré et son entre-soi social, dissimulé derrière le discours de la “qualité de vie”. L’élu va plus loin, en affirmant que cette volonté d’exclusion est partagée, de manière tacite, avec les communes de l’Est lyonnais – mais pour des raisons inverses.
Car dans les communes de l’est lyonnais telles qu’ à Vénissieux, Vaulx-en-Velin, Bron, les difficultés sociales s’accumulent, entre écoles surchargées, passoires énergétiques, délinquance et services publics sous pression. L’élu reconnaît que certains maires de ces territoires s’en plaignent à l’occasion, mais pointe une forme d’acceptation stratégique, voire de résignation :
« Cette pauvreté concentrée, cette homogénéité ethnique et religieuse, leur assure aussi un petit capital électoral bien verrouillé », écrit-il.
Un constat rude, que le conseiller municipal assume : peu de votants, un fort clientélisme, et des réseaux communautaires tolérés, parfois même sollicités, formeraient selon lui la recette d’une réélection sans suspense.
Il dénonce ainsi une forme de pacte silencieux : d’un côté, l’ouest refuse d’intégrer. De l’autre, l’est capitalise sur l’enfermement. Et au centre, la promesse républicaine s’effrite, minée par des logiques de repli et de séparation.
« Le vivre-ensemble, c’est bon pour les tracts électoraux. Sur le terrain, on segmente, on repousse, on relègue. »
Il interpelle enfin sur les conséquences sociales et politiques de cette fracture assumée, soulignant que la délinquance, la radicalisation ou l’isolement communautaire ne tombent pas du ciel : ils sont le fruit de politiques urbaines et sociales profondément inégalitaires.
« Refuser de loger l’autre, c’est déjà le trier. À force de zoner la pauvreté, on fabrique le séparatisme qu’on prétend combattre. »
L’avertissement est clair. Selon cet élu vénissian, si l’ouest continue à refuser l’intégration, il récoltera la colère. Si l’Est se contente de la relégation, il récoltera l’abandon. Et au final, c’est l’ensemble de la métropole qui paiera la facture.
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