Le boulevard Ambroise Croizat, véritable porte d’entrée de Vénissieux et axe central de la commune, est depuis plusieurs années un point avec des problèmes de sécurité. Nuisances sonores, pressions sur les habitants, et plus récemment fusillades en plein cœur de l’été : le climat d’insécurité ne cesse de s’aggraver, nourrissant colère et exaspération des habitants et des commerçants du centre.
Face à cette situation, Michèle Picard (PCF) maire de Vénissieux a pris la plume pour adresser un long courrier à Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur. Un geste qui illustre à lui seul la gravité de la situation sécuritaire dans le quartier. Dans cette lettre détaillée, l’élue rappelle ses multiples alertes passées auprès des autorités et insiste sur les efforts déjà déployés localement, qu’il s’agisse de la police municipale, de la coopération avec la police nationale ou encore de projets menés avec les bailleurs sociaux pour sécuriser certains ensembles immobiliers.
Mais si le constat dressé est implacable, le timing interroge. La maire a choisi de réagir officiellement plusieurs semaines après les fusillades qui ont secoué le quartier fin juillet. Un décalage qui contraste avec l’urgence ressentie par les habitants, confrontés quotidiennement à un trafic qui gangrène leur vie de quartier.
Surtout, les solutions avancées apparaissent limitées. Le courrier demande avant tout des renforts policiers pérennes, inspirés du modèle déjà expérimenté à Villeurbanne, sans proposer de mesures nouvelles ou innovantes à l’échelle locale. L’élue met en avant son engagement en matière de prévention et son ouverture à des expérimentations, mais reste floue sur les dispositifs concrets qui pourraient être déployés rapidement à Vénissieux.
En renvoyant essentiellement la responsabilité vers l’État, la maire met en évidence l’ampleur d’un problème qui dépasse le cadre communal. Mais cette position laisse aussi planer un sentiment d’impuissance locale, qui ne fait que renforcer le désarroi des habitants. Ceux-ci, lassés de voir leur quotidien miné par le trafic et les violences qui l’accompagnent, attendent des mesures tangibles, capables de répondre à la fois à l’urgence sécuritaire et aux enjeux sociaux.
Entre colère, lassitude et inquiétude, la population se retrouve une nouvelle fois au cœur d’un face-à-face entre municipalité et État. Et pour l’instant, malgré les mots et les courriers officiels, la réalité reste inchangée.

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