André Gerin, ancien député-maire de Vénissieux, fait un retour médiatique en grande pompe, annonçant son « engagement » dans la présidentielle de 2027 en tant que « communiste et républicain ». Cependant, cette annonce nous laisse perplexe sur le bien fondé d’une telle annonce. Après des décennies passées au Parti communiste, dont il fut membre depuis 1964 avant de le quitter en 2022 en raison de son désaccord avec la NUPES, Gerin semble aujourd’hui vouloir se positionner pour une éventuel candidat qui rassemble. Mais à quel prix ?
Dans ses propos rapportés par Le Progrès du 17 septembre, il évite soigneusement de se déclarer officiellement candidat, préférant se présenter comme un observateur engagé. À 78 ans, il tente d’incarner une voix de « rassemblement », tout en affichant une complaisance déroutante envers les électeurs du Rassemblement national (RN). Cet ancien élu, qui avait déclaré autrefois que « mon ennemi n’est pas le Front national », persiste dans une ligne ambiguë. Il appelle à écouter les électeurs du RN et à ne plus les traiter comme des « parias ». Une telle déclaration pose question : sous couvert de dialogue, Gerin ne se compromet il pas avec une idéologie historiquement fondée sur le rejet de l’autre ? Le problème de fond réside dans la normalisation des thématiques du RN que Gerin semble désormais vouloir porter dans le débat public.
Un Gérin qui n’évoque pas l’Islam n’est pas vraiment un Gérin. Mais cette fois il appelle à traiter l’islam comme une « question à prendre à bras-le-corps » et qu’elle est la seconde religion en France. Mais pour André Gérin, « les trafiquants ont un lien très étroit voire une connivence très étroite avec les islamistes ». Dans son analyse, il considère que Mélenchon est l’idiot utile du Hamas. Idir Boumertit, député de la 14ème circonscription du Rhône ne va certainement pas apprécié les propos de l’ex député maire communiste. Il va même imaginer qu’il peut se prendre pour Mandéla. Concernant l’immigration, il ne parle pas de ghettos sociaux mais de ghettos ethniques. Reste à savoir ce que pense aussi, l’actuelle maire communiste de Vénissieux, Michèle Picard (PCF)
L’ex-député-maire n’hésite pas à revenir sur les questions de sécurité, réclamant une « tolérance zéro » contre les violences faites aux policiers, pompiers, enseignants et les travailleurs de première ligne
Sur le plan économique, il plaide pour une réindustrialisation et une « démocratie économique » impliquant les salariés dans les décisions de leur entreprise. Si ces idées peuvent sembler nobles, elles sont loin d’être nouvelles et manquent de la profondeur et de la pertinence nécessaires face aux enjeux économiques actuels, notamment en matière de transition écologique ou de justice sociale. Pire encore, elles sont présentées comme des solutions miraculeuses à des problèmes complexes, alors qu’elles relèvent davantage d’un recyclage d’idées d’un autre temps.
Mais ce qui intrigue le plus dans cette sortie médiatique, c’est la manière dont Gerin évoque le Parti communiste. Il rêve d’un réveil du parti, qu’il perçoit comme « perdu ». Pourtant, il critique sans retenue la NUPES, une alliance qui, bien qu’imparfaite, représente aujourd’hui l’une des rares forces à proposer un véritable contrepoids à la montée de l’extrême droite et à l’hégémonie du macronisme. Comment comprendre cette posture paradoxale où l’on prône le réveil d’un parti, tout en rejetant les rares initiatives capables de rassembler les forces progressistes ?
En fin de compte, l’engagement d’André Gerin semble surtout refléter un profond désarroi face à l’évolution politique de la France. Il s’accroche à une vision dépassée, refusant de voir que les lignes ont bougé, que les enjeux d’aujourd’hui ne se réduisent plus à une opposition simpliste entre républicains et extrémistes. Son appel à une réconciliation nationale, en s’appuyant sur un « esprit Mandela », sonne creux face à ses propres prises de position qui flirtent dangereusement avec les discours de l’extrême droite. En voulant tout dire sans rien affirmer clairement, il ne fait que contribuer à la confusion et à l’éclatement du débat politique.
Loin d’incarner le renouveau qu’il appelle de ses vœux, André Gerin semble au contraire prisonnier de son passé et de ses contradictions. Si son engagement pour la présidentielle de 2027 ne s’accompagne pas d’une véritable réflexion sur les enjeux actuels et d’une rupture claire avec la tentation populiste, il risque de n’être qu’un acteur de plus dans une scène politique déjà largement discréditée.
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